ProMotion est un clone de Deluxe Paint crée par Electronic Arts.
Pour celles et ceux qui n'ont pas, ou peu connu la grande époque du fantastique ordinateur Amiga de la célèbre marque Commodore, Deluxe Paint était le soft de dessin sur lequel on faisait à peu près tout.
La première version du soft date de 1985, mais j'ai personnellement commencé à l'utiliser à partir de 1987, date où j'ai pu acheter mon premier Amiga. C'était un Amiga 1000 qui venait d'Allemagne, car pour des raisons que je ne connais pas, ils coûtaient moins cher qu'en France...
Quand je l'ai reçu, j'ai été ému, mais pas autant que mes premières machines, car je venais juste de vendre mon Atari 520 ST que j'adorais. Oui, j'ai été auparavant un Atariste qui se battait farouchement contre des Amigaistes prétentieux, qui disaient toujours que leur machines étaient mieux. Ce qu'ils étaient hautains ! Aussi, j'avais une légère impression de trahir mon clan. C'était comme ça à l'époque, il y avait des clans partout, dans tous les domaines (musique, etc.) tout ceux qui ont connu cette époque vous le diront.
En informatique, mais plus particulièrement avec la démocratisation de la micro-informatique, c'était l'émergence de plein de marques, ça foisonnait de machines incompatibles entre elles pour le plus grand bonheur mais parfois malheur de leur acheteur/supporter (un jeu porté sur une machine était plus ou moins réussi selon si on avait un C64, un Atari 800XL ou encore un Amstrad CPC 464... On se moquait du son de l'un, l'autre se moquait des couleurs pâles...) Bref, il y avait du challenge, et c'était cool.
Comme on parle de biodiversité, on peut vraiment parler dans les années 80 de technodiversité, une époque où il n'y avait pas de standard informatique.
Car avant le démocratisation du PC et du Mac (et maintenant de la tablette et autres smartphones), il y avait une réelle passion de la part de certains acheteurs qui soutenaient leur machine en achetant des softs, des journaux (Tilt, Gen4, Hebdogiciel, MSX News, Amstrad Magazine) ou éditeurs aussi ; mais il y avait aussi des programmeurs, des graphistes et des musiciens qui cherchaient toujours à s'améliorer en allant au bout de leur possibilités avec beaucoup de contraintes physiques liées aux capacités contenues des machines (peu de couleur, faible affichage au niveau des sprites...), mais aussi en repoussant les possibilités physiques* de celles-ci. Il fallait donc innover avec peu de moyen, et surtout connaître sur le bout des doigts sa machine, coder en assembleur pour utiliser les coprocesseurs afin de soulager le processeur, etc.
La scène des démomakers avait presque toujours un cran d'avance sur les boites de jeux, certaines démos étaient tout simplement bluffantes, je passais des heures à les écouter et à les regarder tourner...
* Afficher à l'écran plus de couleurs que l'ordinateur ne peut en afficher réellement (Je pense à l'excellent soft de dessin Spectrum 512 sur Atari ST qui affichait la palette entière de l'Atari alors que celui-ci était coincé sur un affichage de 16 couleurs sur 512), faire croire à l'oreille en mettant du delay sur certains sons et notes, qu'il y a beaucoup plus de voies qu'en vrai (plein de musiques sur le bon vieux C64...)
Tiens je vais écrire un roman, La guerre des machines, ou alors La guerre des boutons d'ordinateur... Vous connaissez pas un éditeur ?
Bon, allez, avant le roman, il faut au moins que je finisse ce post.
Alors, j'en étais où déjà ? Ah oui... Après donc avoir déballé mon ordi fraîchement arrivé d'Allemagne, puis branché les câbles et allumé ma télé cathodique : Poutch, Pshhh. C'est le bruit qu'il a fait quand j'ai enfin appuyé sur le bouton 'on' sur le côté gauche de la machine.
Mon ordinateur neuf a pété, et de la fumée s'est échappée de l'arrière...
Malheur, que s'est-il passé ?
Je retourne l'ordinateur, paniqué, vérifie le dos, l'étiquette près de l'alimentation indique 110 volts ! Oh non, je viens de lui administrer du 220v, je viens de l'électrocuter.
Soupir... J'ai appelé le magasin en suivant, et l'ai renvoyé quelques jours après par la poste après avoir essayé plusieurs fois de le rallumer, en vain ; quelques semaines plus tard, j'en ai reçu un neuf adapté à la norme française, en 220 volts... il a marché du premier coup, ouf.
Pour le premier allumage je me rappelle avoir inséré la disquette de démarrage (le fameux Kickstart), puis j'ai dû mettre ensuite la disquette du Workbench (l'équivalent de Windows, ou de OSX, l'interface graphique du système d'exploitation, avec le bureau, la poubelle, le pointeur, tout ça...), je me suis amusé pas mal de temps avec avant de mettre un premier programme à l'intérieur du drive (le lecteur de disquette).
Je rappelle à ceux qui n'ont pas ou peu connu cette époque, qu'il n'y avait pas de disque dur vendu avec les ordinateurs en standard, ça existait mais ça valait très cher ; les disques durs étaient externes, un vrai luxe. Aussi, pour des utilisateurs lambda, tout était stocké sur disquette, programmes, données...
Encore avant, il y avait la pierre de Rosette, rappelez-vous, elle était très lourde (726 Kilos), et il y avait peu d'information dessus, qui plus est le lecteur de pierre de Rosette était très encombrant.
Avec Deluxe Paint, on pouvait dessiner, et bien sûr créer tout l'environnement graphique pour créer des jeux (sprites, tiles) ; on pouvait aussi tester les anims via ce qu'on appelait des 'cycles de couleurs' puis plus tard, dans la seconde version du soft Deluxe Paint Animation, on a pu tester les animations grâce à un système de calques comme dans Photoshop qui à l'époque ramait grave (c'était la version 0.87).
D'ailleurs, bien que j'étais époustouflé par la résolution des Mac, je ne pouvais m'empêcher de sourire quand je voyais un ordi qui valait si cher* et qui se trainait autant pour remplir un cercle avec une couleur...
* Mac II couleur, 77.000 fr (12.000 €) contre 3000 fr (450 €) pour un Atari ST et 4500 fr (700 €) pour un Amiga 500 ou 3500 fr (500 €) pour un Amiga 1000 ; le smic était en 1987 à 4650 fr.
De 1987 à 1989, j'ai fait pas mal de graphismes, pour des essais de jeux avec Thierry A., un ami, qui s'essayait à la programmation notamment sur Amos basic, un portage du STOS Basic sur Atari ST.
Malheureusement, ces essais ne sont restés que des versions béta, béta bugguées, voire béta bloquées, et ils n'ont jamais vraiment été finis, dommage.
Je me rappelle surtout de deux jeux où j'ai passé pas mal de temps à dessiner des sprites et des décors...
D'abord, un jeu éducatif pour apprendre l'Anglais, où il fallait à la manière du jeu de Pompiers de Game and Watch, ramasser des lettres pour composer des mots, avec une belle image scannée de Big Ben en fond (on avait un copain qui avait une boutique qui nous servait de QG, il avait un scanner branché sur un Amiga 2000), et un autre jeu, fait plus tard cette fois, sur le groupe Metallica, qui reprenait la saga des 4 albums alors édités : chaque niveau représentait un disque du groupe.
Le premier niveau, était inspiré de la pochette de Kill'em all, il était dans les tons rouges et noirs, et le héro, James Hetfield devait avancer tout en évitant des trous, monter des échelles, en évitant des marteaux... Le second niveau, inspiré de la pochette de Ride the Lightening était lui dans les bleus avec des éclairs dans le ciel, et cette fois-ci, JH devait éviter des chaises électriques volantes. Le troisième niveau, c'était Master of Puppets, avec un paysage avec plein de croix de GI comme sur la pochette, je me rappelle plus des adversaires... Le troisième niveau, c'était And Justice for All, bien sûr, qui venait de sortir, avec un système où JH devait sauter de balances en balances (comme sur la statue de la justice sur la pochette), je ne me rappelle pas que ce niveau ai vu le jour.
Tout ça est certainement perdu, à moins que je ne retrouve un jour la disquette au fond d'un carton dans un vide grenier...
Allez, c'est pas tout, je dois mettre la table.